La playlist des colocataires

Où sont les femmes?

Les bases étant désormais posées avec London Calling, l'heure est venue de se pencher sur la scène nantaise et régionale. Exceptionnellement, il y aura deux chroniques dans une seule note. Et les filles sont à l'honneur.

Après 2 démos autoproduites, les Nantais de Justin(e) viennent de sortir leur 1er album Du pareil au même, chez Crash Disques. Le groupe a filé son premier baiser au punk en 2002 avec une première démo et a bien tourné depuis, notamment avec Guérilla Poubelle à l'Olympic. Se décrivant comme « relativement punk », Justin(e) allie des textes drôles (Un animal comme toi, L’Equipe C) à des mélodies percutantes. Comme beaucoup de groupes punks français, Justin(e) joue de ses influences. On retrouve toujours le côté ricain, avec NoFX ou Rancid et bien sûr la french touch qui lorgne vers Zabriskie Point. Que dire de plus ? Allez acheter le cd.

Deuxième groupe et autre genre, Daria. Originaire d'Angers, le groupe vient de sortir son album, Silencer. Adepte d'un rock assez lourd et qui transpire les influences outre atlantique comme les Foo Fighters, Daria s'inspire aussi, origines obligent, des Thugs. Chantant en anglais, Daria a pris l'habitude de pondre, outre des titres de 3 km, des mélodies hyper accrocheuses (le tubesque The Wrong chorus) qui retiennent l'oreille jusqu'à pas d'heure. Bientôt près de chez vous.

Justine, Du pareil au même
Crash Disques

Daria, Silencer
A.S.A. Music/Codaex

London Calling, l’incontournable

Si un seul cd suffisait à parfaire la culture rock quasi inexistante de mes colocataires, c’est bien celui ci. Sorti en 1979, London Calling est, avec Nevermind the Bollocks des Sex Pistols, un des monuments du punk. Le nombre de leurs reprises et leur influence sur des groupes comme Sublime ou The Babyshambles, pour ne citer qu’eux, en témoignent.
Le double album s’ouvre sur l’incandescent London Calling, véritable perle punk où les Anglais démontrent leur savoir-faire lorsqu’il s’agit de pondre des titres efficaces, avec ce riff direct qui prend aux tripes et donne envie de pogoter. D’autres brûlots punks suivent (Death or glory, I’m not down) mais le groupe ne s’arrête pas là.
Comme pour prouver à mes indignes compères que le punk n’est pas que du bruit, The Clash métisse son punk, anéantissant au passage la monotonie habituelle des trois accords propre au genre, et lorgne vers d’autres courants. Brand new Cadillac a un côté rockabilly, Wrong'em Boyo donne dans le reggae, Rudie can’t fail dans le ska.
Le groupe ne néglige pas pour autant son côté contestataire. Lost in the supermarket ou Koka Kola sont des hymnes anticonsuméristes, The guns of Brixton fait suite aux émeutes raciales de Brixton en 1981 et Spanish Bombs évoque les tirs allemands sur Guernica.
Textes engagés, parfois drôles, riffs accrocheurs et musique travaillée en profondeur, tout y est. Tout simplement incontournable.

Il y aurait tant de choses à dire… les plus curieux iront se renseigner ici ou là.

The Clash, London Calling
Columbia

Guérilla Poubelle, du punk qui tâche

Avec deux ex-membres des Betteraves en son sein et un nom pareil, les punks parisiens de Guerilla Poubelle ne partaient pas vers l’opéra. Leur album Il faut repeindre le monde … en noir est loin d’être une soupe d’accords dissonnants et de textes adolescents.
Accrocheur, brutal, le groupe a l’énergie communicative. On retient ses mélodies tubesques (Demain il pleut, Culture poubelle) et on gueule ses hymnes anarcho-militants au bord de la rupture vocale comme à 14 ans. Pourtant, sous des faux aspects de musique Kleenex, Guerilla Poubelle vomit des textes sans détours, provocateurs et drôles, taillant la culture de masse avec un second degré et un recul apprécié (« La musique n’est plus qu’une recette pré-cuite et à faire encaisser/La soupe est servie dans nos têtes dans votre Paris keupon branché »).

Simples, efficaces, avec une production maison (volontairement ?) réduite à sa plus simple expression, les 20 titres sentent la sueur et s’enchaînent comme des bières un soir de concert, et forcément, ça tire un peu sur la fin. Mais rien de mieux comme exutoire après une journée pourrie !

JR

Guérilla Poubelle, Il faut repeindre le monde... en noir
Crash Disques/PIAS