Est-il encore besoin de présenter Ben Harper ? 14 ans de carrière et 8 albums studio ont largement popularisé ce prodige californien en France, bien plus qu’outre atlantique.
Pour sa dernière production, Both sides of the gun, Ben Harper s’essaie au périlleux exercice du double album, avec une idée derrière la tête : faire cesser cette schizophrénie entre un Dr Jekyll émouvant, très gospel et spirituel et un Mr Hyde rageur, plus revendicatif et énergique.
Côté blanc, Ben Harper use de tout son génie pour livrer des ballades aux mélodies sublimées par une voix doucement mélancolique et des instrumentations émouvantes. L’esprit des Blind Boys of Alabama, (avec qui il a déjà collaboré sur son précédent opus) n’est jamais très loin et renforce la spiritualité des compositions.
Mais résumer le bon Ben à un chanteur mièvre serait une erreur. Côté obscur, l’homme a encore quelques riffs accrocheurs à dégainer. On retrouve la hargne de sa jeunesse, son côté engagé (Black Rain pour les victimes de Katrina), et son amour du funk et du blues (Gather ’round the stone). Ben Harper démontre, si besoin était, ses talents de multi instrumentiste en jouant (superbement) de la guitare, mais aussi du piano, de la batterie, allant même jusqu’à piquer la basse de l’excellent Juane Nelson, dont l’absence se fait parfois cruellement ressentir.
Si Ben Harper n'a pas perdu une once de talent, il manque en revanche d'audace dans le tracklisting puisque les ballades et les chansons énergiques ne se cotoient que dans le boîtier. Le rythme est donc difficile à suivre au long de cet album qui sonne comme une démonstration, un besoin de reconnaissance pour un homme injustement délaissé dans son pays natal.
JR
Ben Harper, Both sides of the gun
Virgin Records